Mémoire pour des associations préexistantes en mémoire sémantique dans le vieillissement normal et la maladie d'Alzheimer

Abstract

L’Associative Deficit Hypothesis propose que les difficultés en mémoire épisodique apparaissant avec l’âge, soient dues à un déclin dans la capacité à mémoriser les associations entre les éléments (Naveh-Benjamin, 2000). Des études ont mis en évidence que ce déficit en mémoire pour les associations était atténué lorsque ces associations préexistaient en mémoire sémantique (pistolet-révolver) (Naveh-Benjamin et al. 2003). Des études ont également proposé que les patients amnésiques puissent obtenir de meilleures performances en mémoire lorsque les associations préexistent en mémoire sémantique et lorsque cette dernière n’est pas altérée (Kan et al. 2009). Néanmoins, aucune étude n’a, à notre connaissance, encore exploré ce type d’effet dans la maladie d’Alzheimer. Nous avons donc créé une tâche de mémoire associative composée de paires de mots liés (pistolet-révolver) et non liés (chêne-cuillère) sémantiquement. Dans une première étude, des participants jeunes ont réalisé la tâche en émettant des jugements de type Remember/Know Guess (Gardiner et al. 1998) afin d’évaluer les contributions de la recollection et de la familiarité dans la tâche. Dans une deuxième étude, des participants jeunes et âgés ont pris part à la tâche afin d’évaluer l’impact du vieillissement sur la performance. Enfin, des patients atteints de la maladie d’Alzheimer et des participants âgés appariés ont pris part à une version simplifiée de la tâche et ont été soumis à une évaluation de l’intégrité de leurs connaissances sémantiques. Les résultats de l’étude 1 ont permis de mettre en évidence que la reconnaissance d’associations liées faisait davantage intervenir le processus de familiarité que la reconnaissance d’associations non liées. L’étude 2 a mis en évidence que pour les paires liées, les participants âgés commettaient plus de fausses alarmes et répondaient avec un biais de réponse plus libéral que les participants jeunes. Enfin, l’étude 3 n’a pas mis en évidence de supériorité des paires liées par rapport aux non liées chez les patients. Certaines données laissent par contre suggérer que l’intégrité des connaissances sémantiques a eu une influence sur la reconnaissance des associations liées. Ces résultats sont interprétés en regard des théories actuelles sur la mémoire de reconnaissance et sur l’impact des connaissances préexistantes dans le vieillissement normal.