Le fonctionnement émotionnel des professionnels en milieu carcéral

Abstract

L’importance des émotions dans le domaine professionnel a été largement étudiée jusqu’alors, majoritairement dans le secteur du soin. Nous nous intéressons ici à un milieu particulier qu’est le milieu carcéral. De par ses spécificités nous supposions que le rapport aux émotions serait différent. 77 professionnels du milieu carcéral ainsi que 102 professionnels de divers autres secteurs, ont répondu à trois questionnaires évaluant l’alexithymie (BVAQ), l’empathie (BES-A) et l’intelligence émotionnelle (TMMS). Les résultats ont révélé, tout d’abord, que le genre jouait un rôle très important, tant pour l’empathie (pour le score total ainsi que les dimensions « contagion » du et « déconnexion »), l’intelligence émotionnelle (pour le score total et la dimension « attention »), que pour l’alexithymie (pour le score total ainsi que les dimensions « verbalisation », « introspection », « réactivité » et « analyse »). D’autre part, le fait d’exercer en milieu carcéral influence le niveau d’alexithymie total et trois de ses dimensions (« verbalisation », « introspection » et « analyse »). Nous remarquons également un effet significatif sur la clarté de la perception des émotions (intelligence émotionnelle). En revanche, cette variable n’a aucun effet significatif sur l’empathie. Enfin, le type de profession exercée n’a également aucun effet sur ces trois variables. Des résultats complémentaires ne figurant pas dans les hypothèses, viennent apporter nuances et précisions quant aux résultats précédemment cités. Cependant, les différentes limites de cette étude nous amènent à prendre ces résultats avec précaution ainsi qu’à envisager des perspectives pour une éventuelle réitération de cette étude.