Le stress post-traumatique chez les policiers, en lien avec le style d'attachement, le vécu de honte et d'humiliation

Abstract

La question du traumatisme psychologique a commencé à être considérée après la seconde guerre mondiale, au moment de la guerre du Vietnam. De nombreuses recherches ont alors été effectuées afin de comprendre ce processus de traumatisation et leurs conséquences comportementales et psychologiques. Aujourd’hui, même si les recherches permettent de mieux appréhender ce concept, la problématique est toujours d’actualité. Notre étude s’axe sur les intervenants d’urgence (les officiers de police), fréquemment exposés à ce genre d’événements et/ou en contact avec ceux qui en sont victimes. Nous voulons mettre en avant le rapport entre la construction psychique précoce des policiers et leurs modes de réactions aux événements potentiellement traumatiques. Ainsi, l’objet de cette recherche est d’étudier les interactions entre le style d’attachement, les vécus de honte et d’humiliation et les stratégies de résilience que mettent en place les policiers exposés fréquemment à des situations traumatogènes. Afin de répondre à nos questions, 20 policiers (16 hommes, 4 femmes) ont répondu à l’échelle des expériences dans les relations proches révisée (Experiences in Close Relationship-R Scale, 1990), l’échelle de l’humiliation (Hartling & Luchetta, 1999), l’échelle d’évaluation de la honte interne (D.R.Cook, ISS, 1994,2001), l’échelle d’évaluation de la honte externe (OAS, Gibert et al., 1994), l’échelle de la résilience (CD-RISC 25, Connor & Davidson, 2011), l’échelle de stress traumatique secondaire (Bride et al., 2004) et le questionnaire d’évaluation du traumatisme psychique (TRAUMAQ, Damiani, C. & Pereira-Fradin, M., 2006, 62 items). Les principaux résultats mettent en évidence un Etat de Stress Post-traumatique chez l’ensemble des policiers, avec néanmoins des degrés de sévérité différents. Le vécu traumatique est influencé par l’ensemble des variables étudiées. Le style d’attachement insécure influence les vécus de honte, d’humiliation ainsi que la résilience. La résilience influence le vécu traumatique. Globalement, le style d’attachement évitant semble être le plus efficace pour faire face à un événement traumatique. Il permet en effet de se défendre contre les affects négatifs et de développer deux stratégies de résilience : l’acceptation du changement et le contrôle interne, la dernière étant la stratégie la plus efficace face au vécu traumatique.