Stratégies de conciliation vie privée – vie professionnelle. Quels sont les freins à leurs implantations et à leurs maintiens ?

Abstract

Depuis de nombreuses années, la société connaît une évolution du marché du travail (Nomaguchi, 2009) et de la famille (Bianchi & Milkie, 2010). Ces changements engendrent un besoin accru pour les travailleurs d’équilibrer ces deux sphères. Les entreprises, via des stratégies de conciliation vie privée – vie professionnelle, peuvent aider leurs employés. Cependant, l’implantation et le maintien de ces stratégies dépendraient fortement de la culture organisationnelle (De Cieri et al., 2005). L’objectif de ce mémoire est donc d’améliorer la compréhension des éléments permettant de freiner et de faciliter l’implantation ainsi que le maintien de ces stratégies. Pour mener à bien cette recherche, deux phases d’entretiens semi-structurés ont été nécessaires. J’ai rencontré, d’une part, des responsables des ressources humaines (N=20) de diverses entreprises et, d’autre part, les membres du personnel de trois entreprises (N=28). Cette étude a mis en évidence les principaux freins à l’implantation des stratégies de conciliation, à savoir la ligne hiérarchique, la communication ainsi que la difficulté des entreprises à être flexible. Plusieurs facteurs facilitant cette implantation ont également été identifiés, à savoir le respect des travailleurs en tant qu’individus, le fait d’être ouvert aux nouvelles idées ou encore une prise de conscience de l’entreprise. Les délégations syndicales semblent être tantôt perçues comme facteur bloquant, tantôt comme facteur facilitant. Quoi qu’il en soit, ces acteurs sociaux ont un rôle à jouer dans l’implantation de ces stratégies. La question de la conciliation vie privée – vie professionnelle devrait également faire partie de leurs discussions. En ce qui concerne le maintien de ces stratégies, cette étude a montré qu’il existait des relations complexes entre l’utilisation des stratégies existantes dans l’entreprise et divers éléments (la communication, le soutien des supérieurs hiérarchiques et des collègues, les conséquences sur la carrière, la pression au travail, et la perception du genre).