Le mensonge chez les adolescents : analyse de déclarations écrites et monitorage de soi

Abstract

Le mensonge est très étudié dans le domaine judiciaire afin d’aider les acteurs de la justice dans la recherche de vérité. En effet, ceux-ci font souvent face à des difficultés lorsqu’ils n’ont que pour preuve le témoignage d’une personne dans leur enquête. Dès lors, ils vont devoir conclure ou non à la crédibilité de ce témoignage. C’est pourquoi il est très important de continuer les recherches sur ce thème. Nous nous intéressons plus particulièrement aux recherches sur l’analyse de déclarations écrites. Celles-ci ont montré qu’il pouvait exister un langage spécifique au menteur. Ce travail a pour but d’étudier le mensonge chez les adolescents auteurs de faits ; faits interdits par la loi, par un règlement. Pour ce faire, nous avons interrogé 137 adolescents provenant de l’enseignement général dont 93 filles et 44 garçons âgés de 14 à 19 ans. Il a été demandé aux adolescents de répondre à un scénario de tricherie et à un questionnaire de monitorage de soi. Le monitorage de soi renvoie à la capacité d’une personne à contrôler son expression verbale et non verbale en fonction des situations sociales (Snyder, 1974). Le scénario comprenait trois conditions ; il a été demandé aux adolescents de, soit mentir, soit dire la vérité, soit ils ont le choix, mentir ou dire la vérité (une condition par adolescent). Nous avons réalisé une analyse quantitative des réponses au scénario grâce à un outil de statistique textuelle. Nous avons pu comparer les réponses « mensonge » et les réponses « vérité ». Nous avons également pu comparer les réponses en fonction du genre et de l’âge des adolescents. Les résultats à l’échelle de monitorage de soi ont ensuite été mis en lien avec les réponses au scénario de tricherie. Les résultats ont permis de mettre en avant des spécificités de forme et de contenu propre aux réponses mensongères. Nous avons également pu mettre en lien le monitorage de soi avec le mensonge et assimiler cette façon de se comporter aux bons menteurs. Ces résultats nous permettent de penser qu’il est important de prendre en compte les caractéristiques individuelles des individus lorsqu’on a l’intention de détecter le mensonge. Nous rappelons que ces observations ont été réalisées en vue d’une première approche du mensonge chez les adolescents auteurs de faits. D’autres recherches devront être menées afin de confirmer ces résultats.