L'activité des professionnel-le-s de la petite enfance et ses organisateurs : caractère neutre de genre ?

Abstract

La question du genre dans l’activité professionnelle est soulevée dans de nombreuses études, dont celles qui portent sur la petite enfance. À partir de celles-ci, une représentation complémentaire de l’homme et de la femme sur le plan de l’activité professionnelle est souvent relayée. Les questions de recherche développées nous conduiront à interroger cette complémentarité pour comprendre si l’activité professionnelle d’un puériculteur et d’une puéricultrice est davantage complémentaire ou substituable. En d’autres termes, les deux professionnels ont-ils des styles respectifs qui les discernent significativement ou exercent-ils leur activité professionnelle de manière significativement similaire ? L’objectif de cette recherche n’est en aucun cas d’évaluer la qualité du travail des professionnels mais bien d’en comprendre les rouages et les finesses. Pour cette recherche, nous menons une étude de cas à laquelle un puériculteur et une puéricultrice participent. Nous recourons à la vidéo afin de réaliser, en différé, des entretiens d’autoconfrontation pour comprendre les gestes posés et les réflexions qui les sous-tendent. Sur base de ces données, nous identifions les concepts organisateurs qui structurent l’activité professionnelle des deux participants afin de pouvoir la comparer avec des éléments relativement objectifs. Nous complétons cette démarche en esquissant le genre professionnel partagé par la puéricultrice et son collègue, et en décrivant les éléments constitutifs de leur style respectif. Les résultats nous permettent de déclarer que les deux professionnels partagent un genre professionnel qui tend à ressembler à celui décrit dans les référentiels psychopédagogiques. Ils nous conduisent également à indiquer que chacun d’eux a un style respectif ; toutefois, celui-ci va plutôt à l’encontre des stéréotypes visant généralement les hommes puisque c’est la puéricultrice qui semble davantage exprimer une caractéristique habituellement attribuée aux hommes qui est la tendance à animer. Cette recherche nous conduit donc à penser que la majeure partie de l’activité des deux professionnels est substituable et que les éléments complémentaires ne semblent pas attribuables au genre ou au sexe, et renvoient donc plutôt à la thèse d’une identité plurielle.