Modification des attitudes langagières de logopèdes et étudiantes en logopédie en fonction de l'âge de leur patient

Abstract

Introduction: L'âge constitue dans nos sociétés actuelles, un facteur de discrimination important. Cette discrimination véhicule un certain nombre de stéréotypes négatifs liés au vieillissement (on parle d'âgisme). Ce phénomène influence nos attitudes envers les âgés. Ces adaptations comportementales peuvent aussi se manifester sur le plan discursif. C'est en ce sens qu'inconsciemment les individus en interaction avec nos aînés font appel à différentes accommodations langagières (on parle d'Elderspeak). Cette forme de "parlé condescendant" se retrouve amplifiée lorsque l'interlocuteur présente le profil d'âgé cognitivement affaibli. Objectif: Mesurer de quelle(s) façon(s) les attitudes langagières de jeunes (futures) logopèdes se modifient en fonction de l'âge de leur patient aphasique et de la vision qu'elles ont du vieillissement. Méthodologie: 24 jeunes logopèdes ou étudiantes de dernière année en logopédie ont été amenées à transmettre les conclusions d'un bilan logopédique (diagnostic et projet thérapeutique) de deux patients fictifs (un jeune et un âgé) souffrant d'une aphasie, via enregistrement audio. Aussi, différents questionnaires ont été proposés aux participantes afin de juger de leur vision du vieillissement. Résultats: Les résultats ne nous ont pas permis d'identifier une forme d'Elderspeak exagéré, mais certaines données laissent à penser que nos sujets procèdent à quelques ajustements langagiers compte tenu de la combinaison des facteurs "âge avancé" et "aphasie" présents chez le patient âgé. Notons toutefois que certaines de ces modifications se manifestent dans le cas de notre jeune patient. Finalement, nos résultats restent largement discutables compte tenu de certains "biais" que nous avons identifiés. Conclusion: Une large majorité de nos hypothèses de départ n'ont pas été vérifiées, laissant place à une absence de résultat, voire à des effets contraires à nos prédictions. Afin d'y apporter une explication nous avons postulé la présence de différentes limites méthodologiques: protocole "fictif" trop peu écologique, manque de familiarité de notre échantillon dans la prise en charge de patients aphasiques, biais des artefacts de questionnement et de désirabilité sociale ou encore, manque d'objectivité dans les retranscriptions de nos enregistrements