Le rôle des processus d'inhibition en mémoire de travail et leur évolution dans le vieillissement normal et pathologique - Investigation en IRMf

Abstract

Les données issues de la littérature suggèrent que le déclin des performances observées dans le vieillissement cognitif normal pourrait s'expliquer par une perte progressive du mécanisme de suppression des informations devenues non pertinentes en MdT, à savoir l'inhibition cognitive (Hasher & Zacks, 1988, Hasher et al., 1999). Certains auteurs (e.g. Martin & Saffran, 1996, Hamiltron & R.C Martin, 2005, 2007) ont par ailleurs proposé qu'un trouble du contrôle phonologique et/ou sémantique mettant en jeu ces processus inhibiteurs en MDT verbale pourrait être à l'origine des confusions entre les mots phonologiquement ou sémantiquement proches observées chez certains patients aphasiques (Barde et al., 2010). Les modèles récents de la MdT comme le modèle A-O-STM de Majerus et al.,( 2009, Majerus, 2009, 2010) prévoient de dissocier les Mdt verbale et visuelle. Or, l'intégrité de cette dernière et les substrats neuronaux qui la sous-tendent ont été peu étudiés chez les patients aphasiques. Ainsi, dans le cadre de notre étude, nous avons cherché à savoir dans quelle mesure les corrélats cérébraux soutiennent l'hypothèse d'une dissociation des processus inhibiteurs verbaux (phonologique versus sémantique) et visuels dans le vieillissement normal et dans l'aphasie. Nous avons eu recours à l'IRMf pour confronter les performances comportementales et les données neuro-anatomiques récoltées auprès d'un patient présentant une aphasie de type fluente lors d'une tâche d'appariement de stimuli avec amorces verbales et visuelles avec celles d'un groupe contrôle de sujets âgées. Nos résultats comportementaux ne confirment pas l'hypothèse d'un déclin des processus inhibiteurs verbaux sans atteinte des processus inhibiteurs visuels dans l'aphasie (e.g. Hamilton et R.C. Martin, 2005) bien qu'ils suggèrent un déclin de type domaine spécifique de l'inhibition dans le vieillissement normal et pathologique. Nos résultats en neuro-imagerie ne confirment ni les données de la littérature, qui suggèrent une spécialisation du gyrus frontal inférieur dans le traitement des processus inhibiteurs (e.g. Aron et al., 2004, Aron et al., 2014, Emch et al., 2019), ni nos données comportementales. Nous expliquons ces divergences par des biais inhérents à notre expérimentation et nous suggérons donc de la considérer comme une étude préliminaire. En effet, cette étude devrait être poursuivie pour obtenir des résultats plus fiables car elle répond à un manque de documentation dans la littérature neuroscientifique et nous avons prouvé sa faisabilité.