Exposition de la faune benthique de l'Antarctique au mercure. Influence de la niche écologique

Abstract

Traditionnellement considéré comme relativement préservés de l’influence humaine, la région de l’Antarctique et l’océan Austral est ainsi régulièrement considérée comme un « laboratoire naturel ». Cependant, elle est loin d’être protégée des impacts anthropiques et plusieurs problématiques mondiales s’y retrouvent comme la pollution à certains composés comme le mercure (Hg). Les invertébrés jouent un rôle écologique important mais sont souvent sous-estimés dans les études de contamination c’est pourquoi ce travail se focalise sur eux. Depuis l’expédition Belgica 121 dans le Détroit de Gerlache de la Péninsule Antarctique, en février-mars 2019, 17 espèces benthiques et 7 sites de prélèvement ont été sélectionnés pour ce mémoire exploratoire, représentant près de 307 échantillons, afin de réaliser une prospection sur l’ampleur de la contamination en Hg à travers la communauté benthique de la Péninsule Antarctique, et d’enquêter sur les paramètres influençant cette contamination en Hg comme la localisation géographique et l’écologie trophique. A cette fin, l’analyse en mercure total (T-Hg) a été réalisée par DMA-80, les résultats des compositions isotopiques du carbone, du soufre, et de l’azote de deux travaux précédents réalisés au sein du laboratoire d’Océanologie de l’Université de Liège ont été incorporés. Des variations interspécifiques et intersites ont été observées. De plus, des variations selon la zone de l’Antarctique étudié ont été constatées dans l’étude de l’influence environnementale. Des corrélations entre la contamination en T-Hg et les différentes compositions isotopiques n’ont pas été observées dans l’étude de l’influence de l’habitat et dans celle de l’influence du régime alimentaire. Ce dernier point a été renforcé par l’évaluation du potentiel de bioamplification qui n’a pas été concluante dans ce travail mettant l’accent sur une contamination dont les voies d’absorption ont été autres que trophiques. Bien que la contamination au Hg dans la communauté benthique du Détroit de Gerlache reste faible, l’ampleur de la pollution environnementale de l’Antarctique peut s’accroître avec l’activité humaine locale et globale et provoquer une augmentation de la contamination du biote présent comme chez les invertébrés.