Étalonnage et validation d'une batterie d'évaluation de la mémoire de travail verbale dans l'aphasie

Abstract

Les troubles de la mémoire de travail (MT) verbale sont fréquents et tenaces chez les personnes aphasiques et se pérennisent malgré une bonne récupération langagière (Majerus, 2018). Actuellement, les cliniciens ne disposent d’aucune batterie standardisée d’évaluation de la MT susceptible de mettre en lumière les déficits pouvant survenir au niveau des composants principaux de la MT, à savoir, la manipulation des informations de type « item », le traitement de l’ordre sériel et les capacités attentionnelles. C’est pourquoi il est nécessaire de mettre en place de nouveaux outils tenant compte des conceptions théoriques récentes (Majerus, 2010).

Dans ce mémoire, nous nous sommes fixé deux objectifs précis. Le premier était de poursuivre le travail d’étalonnage et la validation des épreuves qui constituent cette batterie en axant le travail sur une population âgée de 35 à 54 ans. Par la suite, nous poursuivions alors notre deuxième objectif qui consistait à comparer les performances de sujets aphasiques entrant dans la même catégorie d’âge aux normes établies afin de mettre en évidence des associations et/ou dissociations de déficits des composants de la MT selon le modèle A-O-STM de Majerus (2010).

Au vu des résultats obtenus, les épreuves de cette batterie d’évaluation de la MT possèdent des qualités psychométriques satisfaisantes pour cette tranche d’âge. Grâce aux normes établies à l’aide des sujets contrôles, nous sommes parvenus à mettre en évidence des associations ainsi que des dissociations de déficits de la MT chez des sujets aphasiques qui peuvent parfois présenter des profils variables (Majerus & al., 2015). En effet, le premier sujet semble présenter une atteinte des trois composantes de la MT tandis que le second permet de mettre en évidence une dissociation des déficits de la MT caractérisée par des déficits résiduels pour l’aspect « ordre sériel ». Cette observation est très intéressante car elle justifie d’autant plus l’utilité de cette batterie d’évaluation.

À l’avenir, il serait intéressant d’augmenter la taille de l’échantillon des sujets contrôles âgés de 35 à 74 ans pour poursuivre le travail de normalisation et améliorer la sensibilité des épreuves. De plus, il serait judicieux d’élargir cette normalisation jusqu’à 85 ans pour que cette batterie soit destinée à une population la plus vaste possible. Enfin, le testing d’un plus grand nombre de sujets aphasiques est nécessaire afin de déterminer la réelle capacité de cette batterie à mettre en évidence d’autres profils de dissociations et/ou associations de déficits de la MT chez ces sujets.