Âgisme et évaluation cognitive chez le patient âgé

Abstract

L’âge est le facteur de discrimination le plus important devant le genre, l’origine ethnique ou la religion (Eurobarometer, 2012). Cette discrimination s’appelle l’âgisme et est définie comme « le fait de véhiculer toute sorte de stéréotypes négatifs liés au vieillissement » (Adam, Joubert & Missotten, 2013). Ce phénomène se retrouve dans toutes les strates de la société, dont les professionnels de la santé. Ceux-ci seraient même plus enclins à avoir une vision négative des personnes âgées (Missotten, Schroyen & Adam, 2015). Cette vision particulièrement négative serait due au fait que ces professionnels côtoient quotidiennement des personnes âgées en mauvaise santé. Ils internalisent donc un stéréotype qui associe le vieillissement avec une mauvaise santé (aussi bien physique que mentale). Cette vision négative du vieillissement chez les professionnels de santé a été prouvée aussi bien chez les infirmières (Schroyen, Missotten, Jerusalem, Gilles, & Adam, 2016) que chez les médecins (Derby, 1991) ou les psychologues cliniciens (James & Haley, 1995). Cependant, peu d’études ont été menées sur l’âgisme chez les neuropsychologues. Le but de notre étude est de tester si les neuropsychologues ont un biais âgiste lorsqu’il s’agit d’évaluer l’état cognitif d’un patient âgé à partir de ses performances à un test mnésique.

Pour cela, nous avons créé 2 profils de patient ne différant que sur l’âge (40 ou 80 ans) et la raison de la consultation. Le profil comprenait une courte anamnèse ainsi que les résultats du patient à un pseudo California Verbal Learning Test sous forme de scores bruts (identiques pour les 2 profils). Les participants donneront leur impression sur l’état cognitif du patient présenté et rempliront deux mesures de l’âgisme (le AAS et la tâche de fluence).

Nous trouverons par la suite que les participants n’interprètent pas plus négativement les résultats du patient âgé par rapport au jeune patient. Par contre, plus les participants sont âgistes, plus ils ont une impression négative de l’état mnésique du patient âgé. Une autre observation intéressante que nous ferons est que le fait d’avoir connaissance de l’existence de l’âgisme ne protège pas de cet effet de l’âgisme sur l’interprétation des résultats du patient âgé. Par contre, contrairement aux études précédentes, nous n’observerons pas une vulnérabilité accrue par rapport à l’âgisme chez les sujets qui travaillent avec des personnes âgées.