Le vécu de la relation fraternelle dans le contexte du placement conjoint : un lien avec le bien-être psychologique de l'enfant ?

Abstract

La fratrie est un sous-système familial qui regroupe des individus vivants conjointement. Souvent, l’évocation du terme fratrie rappelle la relation « obligée » qu’entretiennent des frères et sœurs issus de l’union de deux parents. Au sein de ce sous-groupe, les agissements de chacun auraient des retentissements sur les réactions des autres. Les interactions permettraient, de cette manière, la construction de la personnalité des enfants. Cependant, la fratrie ne reste qu’une entité encore peu étudiée. L’objectif principal de cette recherche porte donc sur la fratrie. Plus précisément, notre intention était d’évaluer le lien fraternel en contexte de placement et son impact sur le bien-être psychologique des enfants. Pour éclaircir cette thématique, nous nous sommes inspirés des travaux de Gass, Jenkins et Dunn (2007) qui ont démontrés que le lien fraternel constitue un facteur modérateur de stress. De plus, il serait susceptible de réduire le risque de développement de complications psychopathologiques. Nous avons voulu dupliquer cette étude afin de déterminer si cela pouvait également être le cas au sein d’une population d’enfants placés. Par ailleurs, nous avons élargi notre protocole de recherche afin d’investiguer les particularités de la relation fraternelle d’enfants placés, ainsi que l’incidence du parcours de placement sur la qualité du lien. Nous avions donc trois axes de recherche. Au terme de cette étude, nous n’avons pas pu mettre en évidence les mêmes conclusions que Gass et al. (2007). Néanmoins, il nous semble que plusieurs éléments plaident en faveur du placement conjoint, qui pourrait avoir une incidence positive sur le bien-être des enfants. En effet, nous avons pu mettre en évidence que les fratries rencontrées étaient pour la plupart caractérisées par des interactions plutôt positives et fortement similaires aux dimensions relationnelles présentes dans les fratries d’enfants tout-venants. De plus, un grand nombre d’enfants rencontrés appréciaient la présence de leur(s) frère(s) et sœur(s). Bien entendu, les aspects d’hostilité et de rivalité étaient également présents. Pour ce qui est du parcours de placement, nous avons pu constater que la séparation durant de précédents placements semble avoir une incidence positive sur le vécu plus positif du placement conjoint ultérieur. Enfin, nous avons mis en évidence que la présence d’affection plaidait en faveur d’un taux d’hostilité inférieur entre frères et sœurs. Par ailleurs, il semblerait que le vécu d’un plus grand nombre de facteurs de stress au cours des douze derniers mois soit corrélé à de meilleurs scores d’affection au sein de la fratrie.