Le bilan neuropsychologique et l'influence des attentes cognitives: Influence des effets d'attente sur les performances à des épreuves neuropsychologiques chez l'individu tout-venant

Abstract

Lorsqu'il remet ses conclusions, le neuropsychologue clinicien doit avoir une idée claire de l'ensemble des variables qui ont influencé la qualité et la validité des mesures qu'il a recueillies auprès d'un individu donné, à un moment donné. Dans le cadre de ce mémoire, nous nous sommes intéressés au rôle des attentes des individus en regard de leur cognition et à leur impact sur les performances à des épreuves neuropsychologiques telles qu'elles sont réalisées lors des bilans. L'objectif général était de mieux comprendre comment la variable « attentes » module les résultats qu'un patient peut obtenir lorsqu'il réalise un bilan cognitif. Pour ce faire, nous avons induit des effets placebo et nocebo à l'aide d'objets (placebo/nocebo) créés de toutes pièces : des lampes expérimentales. Nous avons ensuite observé si les performances psychométriques attentionnelles, mnésiques et exécutives étaient impactées par les attentes ainsi induites. Enfin, six variables identifiées dans la littérature comme étant des modérateurs des effets placebo et nocebo ont également été étudiées (auto-efficacité, importance accordée à la condition, lieu de contrôle, suggestibilité, auto-transcendance et lieu de réalisation de l'expérience) et nous nous sommes intéressés aux processus métacognitifs (monitoring et stratégies d'autorégulation) pouvant participer à l'augmentation/diminution de l'effet des attentes sur la cognition. Globalement, les résultats montrent que la manipulation des attentes influence la perception que les participants ont eue de leurs performances (mesures auto-rapportées). Cependant, les mesures psychométriques semblent être plus résistantes à l'effet de ces attentes. En effet, on note uniquement la présence d'un effet nocebo significatif sur une épreuve de flexibilité réactive. En outre, aucun effet placebo n'a été mis en évidence pour les trois composantes cognitives testées. Les analyses de modération révèlent également que la dimension d'auto-transcendance constitue (tout au moins, dans le cas présent) un modérateur de l'effet nocebo induit. Enfin, nous n'avons pas observé de différence entre les conditions en ce qui concerne les processus métacognitifs déployés par les participants. Ces résultats ont été discutés en regard des données dont nous disposons déjà dans la littérature et des pistes de réflexion plus personnelles ont été proposées.