Entreprises libérées: qu'en est-il de la notion de responsabilité des travailleurs?

Abstract

Ce mémoire tente de répondre à la question de recherche suivante : qu’en est-il de la notion de responsabilité des travailleurs au sein des entreprises libérées ? Cette étude débute par un état de la littérature sur la notion d’entreprise libérée, sur son histoire, ses définitions et ses caractéristiques. Il ressort de cette partie que sept dimensions sont l’essence de l’entreprise libérée : la participation comme mode de fonctionnement par défaut, la démocratisation de l’innovation, la stimulation de la dynamique entrepreneuriale, la poursuite d’un projet sociétal, le renouvellement du rôle des dirigeants, la conduite du changement dans laquelle le « leader libérateur » s’allie à la base et la disparition de la technostructure au profit des opérations. Elle nécessite donc le respect d’un processus de transformation minutieux et attentif. Dans ce processus, l’ancien directeur devenu « leader », occupe une place centrale dans la conduite du changement et doit suivre quatre leçons : l’égalité, le partage d’une vision commune, le développement de la motivation intrinsèque, la préservation de la culture. Concernant la notion de responsabilité, nous envisageons dans la seconde partie de ce mémoire différentes définitions déjà proposées par la littérature en matière de gestion. Sont notamment présentées les visions de Paul Ricœur, de Jacques Ladsous et Daniel Terral ainsi que de Cummings et Anton. Nous mettons en avant les avantages et les inconvénients de cette notion, et en faisons ressortir les trois caractéristiques suivantes : le pouvoir de décision, son autonomie et son contrôle. Partant de ces développements, six hypothèses sont formulées et affirment que : (1) au sein des entreprises libérées, les prises de décisions sont démocratiques ; (2) les salaires sont fixés par chacun en ce qui les concerne ; (3) l’entreprise laisse un droit à l’erreur ; (4) l’évaluation des résultats est basée sur des objectifs personnels ; (5) le licenciement se décide démocratiquement et que (6) les travailleurs ressentent un sentiment de responsabilité. Nous abordons, dans la troisième partie, cette même notion de responsabilité sous l’angle du droit. Nous approfondissons, pour ce faire, la qualification du contrat de travail, la notion de subordination, les organes de concertation et la convention collective. Deux hypothèses de droit en ressortent : (1) au sein des entreprises libérées, le contrat de travail risque d’être qualifié de contrat d’indépendant ; (2) le régime des relations collectives est conciliable. La dernière partie de ce mémoire vient vérifier ces huit hypothèses à travers une étude empirique mixte, c’est-à-dire qualitative et quantitative. Elle est basée sur les réponses de onze employés de l’entreprise Décathlon Liège, à savoir : le leader du magasin, trois leaders sports et sept vendeurs. Les résultats de cette étude mettent en avant que sur les huit hypothèses formulées, seules trois ont pu être acceptées. Si ce résultat n’est pas celui escompté, une raison le justifie : l’entreprise Décathlon n’est encore qu’à la moitié de son processus de libération.