Biologie de la communication acoustique chez la donzelle Paraphidion vassali

Abstract

La communication acoustique est très répandue au sein de nombreuses familles de Téléostéens. Les espèces appartenant à l’ordre des Ophidiiformes, et plus particulièrement à la famille des Ophidiidae, sont connues pour être de grands producteurs de sons. Ces individus étant inféodés aux eaux profondes et/ou ayant un mode de vie nocturne, la communication acoustique semble être cruciale afin de localiser les congénères. L’espèce étudiée dans ce travail est la donzelle à nageoires rouges Parophidion vassali dont la biologie reste très peu connue à l’heure actuelle. L’objectif principal de cette étude consiste en la description des sons et du mécanisme de production de sons réalisé par cette espèce. L’étude acoustique a été réalisée à partir de sons enregistrés en aquarium durant trois années consécutives (2018, 2019 et 2020) à l’Université de Liège ainsi qu’avec des sons enregistrés sur le terrain à La Ciotat pendant trois périodes (août 2015, juin 2016 et août 2018). Les analyses des sons produits en aquarium ont mis en évidence trois types de sons. Les sons de Types 1a et de Type 1b sont visuellement similaires. Ils possèdent tous deux des pulses de faible amplitude et des pulses de grande amplitude. Les sons de Type 1a sont plus longs que les sons de Type 1b. Ils ont également une période de pulsation plus grande mais ont une fréquence dominante inférieure aux sons de Type 1b. Les sons Type 2 ont quant à eux une période de pulsation et une durée similaire aux sons de Type 1b mais leur fréquence correspond à l’inverse de la période de pulsation. L’étude morphologique a été réalisée grâce aux dissections des individus de chaque sexe, à la microtomographie à rayons X et à l’utilisation de la microscopie optique. Les deux sexes ont en commun une première vertèbre présentant un système permettant de faire pivoter, sur son axe, l’arc neural et l’épineural associé ainsi que trois paires de muscles soniques (ventral, dorsal et intermédiaire) dont le diamètre des fibres diffère. Les mâles possèdent en plus une troisième vertèbre dont l’épineural est élargi en plaque osseuse, deux plaques osseuses situées en avant de la vessie qui servent à réceptionner les muscles soniques ventraux et un système de piston sur la partie postérieure de la vessie qui doit servir à pallier les brusques variations de pression au sein de la vessie. L’ensemble des analyses suggère l’existence de deux types de mécanismes de production de sons : les individus mâles produiraient les sons de Type 1a et les sons de Type 1b suivant un système de rebond de la vessie natatoire tandis que les femelles produiraient les sons de Types 2 en forçant la vibration de la vessie.