L'influence du style de réminiscence parentale sur le développement de la mémoire et de la métacognition de l'enfant : Une étude d'intervention

Abstract

Tous les parents parlent du passé avec leurs enfants, mais tous ne le font pas de la même façon. En effet, lors des réminiscences, ils se distinguent sur le continuum de l’élaboration, certains adoptant un style peu élaboratif, d’autres plus élaboratif (Fivush, 2008). Ces différences semblent impacter le développement cognitif de l’enfant et notamment mnésique. Plusieurs études corrélationnelles et d’intervention montrent l’influence du style de réminiscence parentale sur les capacités en mémoire autobiographique de l’enfant (Léonard et al., 2020 ; Wu & Jobson, 2019). Une autre étude suggère également une influence sur la mémoire épisodique (Langley et al., 2017). Pour expliquer ces relations, plusieurs hypothèses sont avancées dans la littérature dont le développement de compétences métacognitives (Rudek & Haden, 2005). Via une étude randomisée contrôlée, l’objectif de ce mémoire est d’évaluer l’efficacité d’une guidance parentale (en 8 séances) ciblant le style de réminiscence parentale et ses potentiels effets sur les mémoires épisodique et autobiographique et sur la métacognition (jugements de confiance et utilisation de l’heuristique de mémorabilité) d’enfants d’âge préscolaire. Pour cela, 44 dyades parent-enfant ont été recrutées. La moitié des participants a reçu d’emblée la guidance parentale et l’autre moitié a intégré une waiting-list agissant comme un groupe contrôle. Les participants de ce deuxième groupe ont eux aussi suivi la guidance par la suite, mais en comparant dans un premier temps les participants ayant reçu la formation à ceux ne l’ayant pas encore suivie permet de vérifier la spécificité de celle-ci. Les participants du premier groupe ont quant à eux été ensuite testés une nouvelle fois 6 mois après la fin de l’intervention. La structure et le contenu des réminiscences parentales ont été évalués et un questionnaire a permis d’évaluer les connaissances explicites des parents à ce sujet. Concernant les enfants, leur mémoire autobiographique a été testée via une tâche de mots indices. Pour leur mémoire épisodique, la tâche de la maison développée par Picard et al. (2012) a été utilisée, ainsi qu’un questionnaire vrai/faux faisant suite à la lecture d’une histoire. Au niveau de la métacognition, contraster la manière dont les enfants répondent aux événements mémorables et peu mémorables de l’histoire a permis d’évaluer leur utilisation de l’heuristique de mémorabilité et il leur a aussi été demandé de poser des jugements de confiance explicites concernant leurs réponses. Les analyses réalisées ont mis en évidence que le programme mené était efficace pour améliorer les connaissances explicites des parents ainsi que plusieurs caractéristiques de la structure et du contenu de leurs réminiscences. Il semble aussi améliorer les capacités mnésiques des enfants, mais seulement 6 mois après qu’il soit terminé. En revanche, la formation réalisée ne semble pas influencer les capacités métacognitives des enfants