Existe-t-il un biais de l'évaluation lié à l'origine ethnique d'un élève indépendant du biais lié à son origine sociale dans le cadre d'une évaluation des performances à visée sélective et/ou d'une évaluation des performances à visée formative ?

Abstract

Différentes recherches en docimologie se sont intéressées aux biais impactant tout jugement évaluatif. Ainsi, certains chercheurs ont montré qu’à performances réelles identiques, des élèves porteurs du stéréotype « favorisé » sur le plan socio-économique sont surévalués comparativement aux élèves qui portent le stéréotype « défavorisé » qui eux, sont sous-évalués (Autin et al., 2019 ; Rangvid, 2015). Par ailleurs, Bonefeld et Dickhäuser (2018), Rangvid (2015) et Sprietsma (2013) ont mis en lumière des résultats similaires au désavantage des élèves d’origine immigrée. Ces constats interpellent puisque si ce phénomène se reproduit pour un grand nombre d’évaluations, la différence au bout du compte pourrait avoir des conséquences dans le parcours scolaire de ces élèves discriminés. La mise en parallèle de ces deux constats, à savoir, l’existence de biais de l’évaluation au détriment des élèves défavorisés (Autin et al., 2019) et au détriment des élèves d’origine immigrée (Rangvid, 2015) soulève une certaine interrogation. Les effets liés aux stéréotypes sur les élèves d’origine immigrée sont-ils dépendants ou non des effets liés au statut socio-économique ? Le présent mémoire vise donc à étudier l’existence d’un biais de l’évaluation lié à l’origine ethnique d’un élève indépendant du biais lié à son origine sociale. Dans ce cadre, une expérience docimologique sera conduite auprès d’enseignants et de futurs enseignants. L’objectif de la présente recherche est de mesurer l’effet de l’origine ethnique indépendamment de l’effet du statut socio-économique des élèves sur les notes qui leur sont attribuées par les (futurs) enseignants. Sur base d’un design expérimental, nous testons des enseignants et des futurs enseignants en position d’évaluateurs et nous observons comment ceux-ci se comportent face à la copie d’un élève issu de l’immigration (appelé Ayoub), à la copie d’un élève natif issu d’un milieu socio-économique défavorisé (appelé Jordan) et à la copie d’un élève autochtone issu d’un milieu socio-économique favorisé (appelé Lucien). Nous analysons donc les comportements de nos (futurs) enseignants en Fédération Wallonie-Bruxelles (FW-B) en situation de correction et observerons s’ils (1) sont influencés dans leur cotation par l’origine ethnique et/ou l’origine sociale des élèves ; (2) font apparaitre, dans leurs cotations, un biais lié à l’origine ethnique indépendant vu biais lié à l’origine sociale ; (3) se comportent différemment en fonction de la visée de l’évaluation. Autrement dit, nous tentons de répondre à la question de recherche suivante : Existe-t-il un biais de l’évaluation lié à l’origine ethnique d’un élève indépendant du biais lié à son origine sociale dans le cadre d’une évaluation des performances à visée sélective et/ou d’une évaluation des performances à visée formative ?